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90 ° Pôle Nord - mardi 8 - jeudi 10 août

Mardi 8 / mercredi 9 / jeudi 10 août - L’Archipel François-Joseph

Le programme de la journée débute par un briefing sur les Terres François-Joseph, que nous devrions atteindre en fin d’après-midi : déroulement des opérations, comportement à tenir à terre... Chaque information est importante, il ne faut rien négliger. Il se poursuit à 11h00 par une conférence sur « l’Histoire des Terres François-Joseph ». En fin d’après-midi, vers 18h00, un nouvel ours polaire est signalé. Même scénario que la veille : Nous nous habillons de chaud, attrapons nos appareils photos et nous précipitons vers les ponts extérieurs pour une série de prises de vue d’un même ours, qui n’hésitera pas à se jeter à l’eau dans sa course, sans doute pour nous montrer ses qualités de nageur. Après le dîner, les Terres François-Joseph sont enfin en vue. Le Commandant nous promet un débarquement dans les heures qui suivent ; à nous de nous tenir prêts ! Nous allons donc nous coucher tôt, en prévision des importants événements à venir. Ce qui n’empêche pas certain d’entre nous, avant de s’endormir, de lire quelques pages du Capitaine Hatteras qui est en train de mettre pied au Pôle. L’imagination de notre cher Jules Vernes est impressionnante et dépasse de loin la réalité.

Vers 1h30, en plein sommeil - mais toujours en plein jour, comme il se doit -, une annonce nous réveille un débarquement en hélicoptère au Cap Fligely (Île Rudoph) qui sera possible à partir de 2h30. Branle-bas de combat, rapide toilette, et nous mettons notre tenue de sortie, prêt à embarquer le plus tôt possible. Nous prenons le premier hélicoptère (les organisateurs et les équipes de sécurité sont partis un peu avant pour reconnaître le terrain) qui nous dépose vers 2h40 sur un large plateau rocheux au dessus de falaises glaciaires et au pied du dôme de glace qui recouvre toute l’île. Le soleil brille entre deux passages de brume, donnant à la plus septentrionale des Terres François-Joseph une atmosphère mystérieuse et sauvage. Une croix orthodoxe commémore le passage des illustres explorateurs qui nous ont précédés. Nous terminons notre tour de la zone accessible par un petit somme au soleil et par 81° de latitude nord, allongés sur les rares mousses et lichens qui poussent sur le sol humide. 

Retour sur le bateau par la rotation de 4h15. Il nous reste encore un peu de temps pour compléter très partiellement notre sommeil interrompu. Et ce matin, il faut se lever tôt. Le petit déjeuner est servi à 7h30 en prévision d’éventuels autres débarquements. Après le déjeuner, Rémy Marion nous fait un briefing sur notre séjour dans les Terres François-Joseph, complété par de brèves présentations sur l’histoire, la géologie, la faune et la flore de ces îles, par Fabrice Genevois. Notre Guide nous décrit la structure complexe de l’Océan Arctique, notamment les dorsales de Gakkel et de Lomonosov. La conférence est interrompue par l’apparition d’un couple de morses qui se reposent sur un iceberg, signalé par la passerelle alors que le bateau s’en approche. Tant pis pour le déroulement de la conférence, que nous reprenons cependant après avoir « mitraillé » très pacifiquement ce paisible couple.

Le Capitaine nous offre un excellent spectacle en partant à l’abordage d’un iceberg. Le «  50 ans de la Victoire » n’est pas le Titanic, il a facilement le dessus sur cette masse imposante qu’il déplace sans efforts grâce à ses deux réacteurs nucléaires de 75 000 CV. Il peut également se flatter d’être le plus grand brise-glace au monde. Une fierté russe coulée dans l’acier et dont la cote de popularité culmina lorsqu’il achemina la flamme olympique jusqu’au pôle, à l’occasion des jeux Olympique de Stotchi, il y a 2 ans. 

Pendant le dîner, on nous annonce que la brume ne nous permettra pas de débarquer cette « nuit » sur l’Ile Champ. Nous irons donc nous coucher en attendant une météo plus clémente. Le lendemain matin, la brume dissipée, nous pouvons débarquer sur « Champ Island ». L’hélico dépose le premier groupe sur l’île vers 9h15. La remontée de la moraine serait tout à fait classique si ce n’était la présence de ces étranges pierres de calcite, polies par les glaces, et parfaitement sphériques, de toutes tailles, comme celles d’un boulet de canon de deux mètres de diamètre. 

Après être descendu par le petit col qui suit le dernier gendarme de l’arête, nous arrivons à la berge. Le temps reste bien brumeux, mais nous avons encore le temps de monter jusqu’à l’autre petit sommet qui domine notre point de débarquement. Et là, surprise, alors que nous descendons sur l’autre versant, on découvre quelques mergules nains nichés entre deux blocs. La séance photo débute. Peu nombreux, nous pouvons nous approcher et en faire quelques photos de très près. Quel plaisir ! Nous poursuivons la descente avec précaution pour approcher ces oiseaux de plus en plus près sans les effaroucher.

Ce faisant, nous approchons de la grande falaise aux oiseaux, que nous apercevons entre deux passages nuageux. Des centaines de mouettes tridactyles ont envahi la falaise, leurs ailes blanches se détachant des sombres à-pics basaltiques. Rémy Marion, notre sympathique Guide Naturaliste et Conférencier, nous commente la vie de ces oiseaux. C’est alors qu’un magnifique labbe nous survole tandis que le photographe animalier Paul Nicklen prend plusieurs clichés, qui devraient être magnifiques.

Retour sur le « 50 ans de la Victoire », qui bientôt reprend sa navigation sous un ciel couvert, dans l’ambiance brumeuse et la douce lumière furtive des hauts-parleurs du navire nous annonce quatre morses qui se reposent tranquillement sur un morceau de banquise à tribord. Nouvelle séance frénétique de prises de vue. Nous poursuivons par la traversée de l’Austrian Channel puis, Sud-Est, nous nous dirigeons vers le cap Tegetthoff et son rocher triangulaire caractéristique (Île Hall). Vers 21h15, l’hélicoptère nous dépose sur la large plage que découvrirent Julius Payer et Karl Weyprecht, les premiers explorateurs de ces terres encore inconnues en 1873. Le site conserve « son caractère spectaculaire et mystérieux » avec son rocher aux oiseaux couvert de guillemots à miroir, les vieilles installations de bois de l’expédition Wellman (1898 – 1899) au milieu desquelles trône un vieux poêle en fonte, une petite madone italienne que je découvre au pied du rocher en forme de nageoire dorsale de requin, abritée par un petit bloc de basalte, et la plaque commémorative de l’expédition du Tegetthof, fièrement accrochée à un mât métallique, au sommet d’un gros rocher dominant la plage. L’hélicoptère nous ramènera sur notre navire vers 0h30. Après cette journée bien chargée, il est temps de retrouver les bras de Morphée ! 

Ce jeudi, vers 9h15, nous débarquons en hélicoptère au dessus de la station russe abandonnée de Tykhay Buchta (baie de Tykhaya – Ile Hooker) pour une visite complète des vestiges des installations. Les consignes sont précises : nous pouvons aller partout, mais il est interdit de pénétrer dans les bâtiments. Cette interdiction est toute théorique car nous constaterons rapidement que les bâtiments sont tous remplis d’une neige ancienne et dure, ce qui exclut toute incursion à l’intérieur. Une croix orthodoxe en bois veille sur les restes de la station : éolienne ne conservant qu’une seule pâle, quelques niches en bois qui ont dû abriter une meute de huskies, de vieilles chenillettes toutes rouillées, des hangars, de vieux tonneaux, un mirador, une chaloupe et une multitude d’objets domestiques abandonnés sur le sol... 

La falaise qui surplombe la station est couverte de mergules nains, et les visiteurs en parka qui commencent à l’envahir ressemblent de loin à des manchots tout jaunes. Nous allons y faire un tour, ne résistant pas au plaisir de photographier les nids, les mergules qui voltigent tout autour, ainsi que le puissant « 50 ans de la Victoire », ancré au milieu de la baie. Le retour sur le bateau se fait en zodiac après deux heures de visite sous la conduite efficace du Guide TMR qui démontre ainsi que ses talents dépassent largement la biologie marine. Dans l’après-midi, peu avant 17h00, nous reprenons le zodiac pour une visite approfondie de la baie. D’abord, nous longeons le front du glacier d’où un étrange iceberg en forme de catamaran s’est détaché. 

De la langue terminale du glacier, qui présente une alternance de faces noirâtres et de parois étincelantes dans les zones actives, coulent plusieurs torrents sous-glaciaires qui se déversent en cascade dans l’océan. Dans un renfoncement de la falaise glaciaire, des centaines de mouettes tridactyles se sont rassemblées, les unes nageant tranquillement, les autres survolant la surface de l’eau en poussant des cris stridents. Paysage plein de vie dans cette ambiance austère. 

Après le glacier, des falaises rocheuses aux étranges structures où alternent des orgues basaltiques verticales et des cylindres à section hexagonale entassés horizontalement les uns sur les autres. Et, dans chaque anfractuosité du rocher, se nichent des oiseaux criards : mouettes tridactyles, guillemots de Brünnich, pétrels fulmars... Après une petite heure de balade découverte, retour sur le « 50 ans ce la Victoire », qui reprend son périple. Passage au pied du Rocher Rubini, autre falaise basaltique sur laquelle se sont développées des colonies d’oiseaux marins. Ils tournoient dans un concert de cris alors que notre navire s’approche à moins de 50 m face à la paroi pour le plus grand plaisir des passagers. 

Puis arrive l’heure de notre dîner russe - caviar, borsch, pelmeni… - tout cela est succulent ! En soirée, à 22h00 passées, nouvel sortie en hélicoptère, cette fois-ci pour admirer le cap Flora, l’extrême pointe sud des Terres François-Joseph que nous allons bientôt quitter. Le temps est exceptionnel et nous distinguons l’étroite bande de terre qui relie le cap et sa masse volcanique imposante à l’Ile Northbrook 

 


90 ° Pôle Nord - dimanche 6 août

Di90°00 Nord

Une nouvelle journée commence. On nous annonce dans les hauts-parleurs que le temps dégagé nous permettra de voler aujourd’hui. Nous allons vite prendre le petit déjeuner et nous préparer (bottes, parka, et gilet de sauvetage). Direction la réception, point de rassemblement, pour jeter un coup d’œil à la façon dont se déroulent les embarquements.  

Les croisiéristes se rassemblent, nous sommes impatient. Le premier groupe embarque alors dans l’hélicoptère ! Le décollage du MI-8 est très souple, le vrombissement des moteurs bien amorti par nos casques antibruit, chaque passager dispose de son hublot et nous pouvons admirer de haut, avec du recul, le « 50 ans de la Victoire » en train de fendre l’épaisse glace de la banquise. Deux tours autour de bateau, et nous atterrissons, la tête pleine de nouvelles images, et l’appareil photo rempli de souvenir. 

Sur le coup de 11h30, nous sommes tous réunis pour le briefing « Pôle Nord ». En effet, compte tenu de notre avancement, et vu les conditions météo et l’état de la glace, le bateau poursuit sa route à environ 15 nœuds et nous devrions donc atteindre les 90° de latitude nord entre 14h00 et 16h00 ! Les consignes de sécurité pour débarquer sur la banquise, le déroulement du programme... Nous avons toutes les informations nécessaires pour profiter des quelques heures que nous allons passer au Pôle.

Rassemblement sur le pont avant vers 15h00, le moment fatidique approchant on nous annonce, minute par minute, notre progression : 89°59,990’…89°59,991 ». A 15h06, un coup de trompe annonce l’atteinte du point fatidique, ce que tous immortalisent en photographiant les 90°00,000’ de latitude nord sur le GPS des Guides d’Expédition. Instant d’émotion pour tous, même si le paysage n’est guère différent de celui que nous traversons depuis deux jours. Le  champagne est servi sur le pont pour fêter cet instant historique. Nous y sommes !

Le Commandant prend alors le temps de choisir une plaque de banquise assez épaisse et de superficie suffisante pour y « échouer le bateau ». Encore un bel exercice de navigation, et nous nous arrêtons bientôt. Pendant que l’équipage procède aux opérations logistiques (mise en place de l’escalier de coupée, déchargement des tables, des bancs et des cuisines pour le barbecue, descente des ancres...) les passagers se préparent. Un peu avant 19h00, nous foulons tous la glace, ce dont nous rêvions depuis que nous naviguions au milieu de la banquise. 

Une fois sur la banquise, le programme se déroule ainsi : 

  • Cérémonie d’arrivée au Pôle Nord, qui consiste en une minute de silence contemplative, puis en un tour du monde en quelques minutes en se tenant la main sur un cercle magique centré sur un Pôle Nord virtuel (en l’occurrence le point 89°59,0430’ de latitude nord, et 176°39,6740’ de longitude est) ; 
  • Certain prennent un bain dans l’Océan Arctique, -par -1,1°C- dont le froid, heureusement atténué par un verre de vodka à la sortie !  
  • Le BBQ, soigneusement préparé par nos cuisiniers ; 
  • Une randonnée de 3⁄4 d’heure sur la banquise, alors que le brouillard nous cache bientôt le « 50 ans de la Victoire » ; elle nous permettra de découvrir de très fines stalagmites de glace ; 
  • Balades autour du bateau nous permettant de découvrir sa masse imposante vue depuis le niveau de la mer… Impressionnant !

Vers 22h30, nous retournons sur notre navire. Pendant ce temps, vers minuit, le « 50 ans de la Victoire » a fait demi-tour et est reparti vers... Le sud.


90 ° Pôle Nord - mercredi 2 - samedi 5 août

Mer de Barents - Cap au Nord - Ocean Arctique

Le cheminement jusqu’au Pôle peut prendre de 4 à 6 jours, selon les conditions de navigation. Cela nous offrira tout le temps nécessaires pour découvrir la vie à bord du brise-glace, l’histoire de la légende des mers, le « 50 ans de la Victoire » et participer aux conférences tenues par les guides d’expéditions et scientifiques qui nous initieront à ce monde d’une beauté stupéfiante…

Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner copieux, à 10h30, nous avons rendez-vous pour une conférence de sécurité à « l’Aft Saloon », salon arrière, suivie d’un exercice d’alarme qui nous conduit à une visite complète de notre canot de sauvetage. L’affectation du matériel TMR aura lieu en début d’après-midi. La parka est l’accessoire indispensable pour cette croisière, car les agréables journées ensoleillées peuvent se rafraîchir très rapidement. Vous pourrez bénéficier d’un prêt gracieux de bottes imperméables, utiles en excursions et pour les débarquement sur certains terrains spongieux.

Peu de temps après, nous observons immédiatement quelques oiseaux - des fulmars, des guillemots de Brünnich - et premières apparitions de phoques, « de harp seals, phoques du Groenland ou phoques à selle », nous précise Fabrice Genevois, notre biologiste et Guide-Conférencier TMR. À 17h00 a lieu une nouvelle conférence, obligatoire, pour l’instruction « Sécurité Hélicoptère », suivie du cocktail de bienvenue offert par le Commandant, toujours dans « l’Aft Saloon ». Accompagné de sa traductrice qui n’est autre que l’inspectrice de sécurité qui nous avait contrôlé très professionnellement avant notre montée à bord, il nous présente ses principaux officiers. Au repas du soir, nous sommes particulièrement bien soignés : c’est le dîner de bienvenue. 

Au cours de la journée suivante, nous visionnons différents documentaires animaliers sur l’Arctique, très instructif. En fin d’après-midi, nous sommes à nouveau réunis pour nous présenter un briefing récapitulatif ainsi que le programme des prochains jours. Vers 18h15, par 81°49’ de latitude nord, nous atteignons la banquise et pénétrons les glaces avec la puissance de notre brise-glace nucléaire. De sa force tranquille, le « 50 ans de la Victoire » poursuit sa route vers le nord sans dévier de sa trajectoire. Après dîner, promenade digestive sur les ponts du navire. Nous avons la chance d’apercevoir nos premiers ours - une femelle et son ourson - à bâbord, au loin. Il est 22h37. Il me faudra traiter mes photos le soir même pour en fournir une copie à Max, un passager néerlandais impatient qui me prête sa clé USB à cet effet. 

Après notre habituel tour du bateau matinal, nous visionnons le film « Nanook of the North », étonnant documentaire de 1913, rénové, qui décrit la vie d’une famille inuit en Arctique. Après le déjeuner, Shane Murphy nous présente l’historique - très détaillée - du passage du Nord-Est. Pendant ce temps, le « 50 ans de la Victoire » s’est immobilisé par 86°48’ de latitude nord et 50°38’ de longitude est. La brume s’est allégée pour faire place à un pâle et beau soleil qui nous réchauffe. Un arc-en-ciel brumeux que nos amis anglo-saxons désignent sous le vocable de « fogbow » entoure le navire dans une auréole de clarté diffuse. Nous en profitons pour prendre quelques photos sous ce nouvel éclairage ; nous apercevons même un phoque qui se glisse au loin sur une large plaque de glace : instants exceptionnels en plein milieu de la banquise qui s’étend à l’infini !

Nous avons passé le Cercle Polaire. Pour l’occasion, dans ce paysage glacial et démesuré, l’Air du Froid de Purcell est diffusée sur le pont avant. La cérémonie est suivie par un barbecue dînatoire sur le pont arrière. Deux adolescentes viennent, en costume traditionnel, nous chanter quelques airs de folklore russe, c’est frais, c’est local, c’est apprécié. Le Pôle Nord n’est pas loin, sans doute l’atteindrons-nous demain.